dimanche 29 janvier 2017

"L’ornithologue" de João Pedro Rodrigues


Déjà remarqué par les cinéastes homophiles pour "O Fantasma" et "Odete", João Pedro Rodrigues nous revient avec une histoire toujours aussi trouble, mais plus poétique et champêtre, plus théologique aussi.


C’est Paul Hamy, acteur français, qui tient le rôle principal, Fernando. Parti au fin fond du Portugal rural, aux abords de la frontière espagnole, il observe les oiseaux de la région à bord d’un canoë-kayak. Les yeux rivés à ses jumelles, il ne voit pas le courant s’accélérer et se retrouve emporté par les flots. Deux jeunes randonneuses asiatiques le découvrent au petit matin. Ce sera pour lui l’entrée dans un monde fantasmatique et éprouvant.

  
L’affiche du film a un petit air de déjà-vu, on pense tout de suite à "L’inconnu du lac", à l’atmosphère commune. Quant aux critiques, beaucoup lui trouvent un style et une thématique pasoliniens. La ressemblance est effectivement là, surtout dans la conclusion de l’histoire, mais est-ce vraiment le plus important ? Il me paraît plus intéressant d’insister sur une homosexualité complètement intégrée, qui n’a pas besoin de revendication ou de justificatif. Les ébats de Fernando et Jesus donne le sentiment d’un grand naturel entre les deux personnages ; la scène ressort particulièrement de la narration comme un havre de paix au milieu d’une histoire trouble et angoissante. Là encore, les corps sont filmés comme certains passages du film d’Alain Guiraudie, au point où l’on pourrait penser à une réponse portugaise au drame français sortie en 2013.







O Ornitólogo
Portugal, 2016
Réalisé par João Pedro Rodrigues
Avec Paul Hamy (Fernando/António), Xelo Cagiao (Jesus/Tomé), João Pedro Rodrigues



Nudités urbaines à Tórshavn



Capitale des îles Féroé, la petite ville de Tórshavn réserve quelques surprises aux rares visiteurs qui passent dans cette contrée lointaine, où les hommes sont grands, blonds et taciturnes, avares de paroles, bien qu’ils parlent parfaitement l’anglais, en plus du danois et de leur langue nationale, le féringien. D’années de vie sur ces îles, je n’ai toujours pas pu percer la glace autochtone, et pourtant, de glace, la vraie, il n’y en a point sur cet archipel où règne un éternel 9°C pluvieux.

Une météo triste et déprimante, un peuple froid et difficilement abordable, tout cela concourt à rendre les lieux inhospitaliers, sans compter la mauvaise réputation faite aux Féroé, provoquée par la chasse marine des baleines pilotes ; pratique traditionnelle choquante, certes, mais la pêche industrielle ne l’est-elle pas plus, elle qui ratisse les fonds des océans et qui met de la viande de dauphin dans les boîtes de conserve de thon ou dans les assiettes des aficionados de sushis, mode stupide comme le sont toutes les modes contemporaines. Et pourtant, à l’orée de quelques rayons de soleil, on ne peut que rester en extase devant ces quelques exemples de nudités masculines urbaines qui parsèment le centre administratif de ces lointaines parcelles de l’ancien monde viking.

Plusieurs de ces sculptures sont l’œuvre de l’artiste local Hans Pauli Olsen.













Maður og kona, Janus Kamban, 1972 





Le disque solaire de Thor, vestige viking, tout au bout de la Vieille ville.





  Sirkus s’affiche comme le seul bar homosexuel de la
capitale, pour une ville de 12 000 habitants, c’est déjà bien.



Ici, comme en Islande, le Peuple caché
reste présent dans l’imaginaire collectif.







Carte postale trouvée dans un restaurant, annonçant un opéra.